Dans le cadre des ateliers d’écriture initiés par Ravive et le Pari Solidaire, Anne-Marie s’est prêtée au jeu du récit. Confortée par un groupe bienveillant, elle a fait ressurgir ses souvenirs d’enfance, et a construit son récit, désormais imprimé dans son livre « Une enfance savoyarde ». Elle nous donne ses impressions sur cette expérience simple et unique.
Quelle a été votre démarche ?
Comme je l’écris dans le livre, je n’avais jamais pratiqué d’atelier d’écriture, ni jamais écrit de choses très élaborées. J’ai employé un style d’écriture proche du langage parlé. Cela convient bien à certains de mes frères et sœurs qui ne sont pas de grands lecteurs.
J’ai rapidement joué le jeu, avec la trame qu’on avait – et qui m’embêtait parfois. Mais Claude, l’animatrice et adhérente du Pari Solidaire, nous poussait à faire ce que l’on voulait, quitte à ne pas répondre aux questions de façon systématique. Elles permettaient de raviver les souvenirs et donc c’était intéressant.
Avez-vous été surprise par certaines choses qui vous revenaient ?
L’enfance est une période qu’on a dans sa tête. Nous sommes une famille nombreuse, et organisons beaucoup de réunions de famille, où les petits-enfants posent des questions. Dans l’atelier d’écriture, les échanges se sont enrichis de nos horizons différents. Cela nous a permis de rebondir sur certaines choses, de comparer, de se réveiller sur certains sujets.
Avez-vous trouvé des points communs à vos enfances respectives ?
Un petit souvenir tout bête. Notre chambre était extrêmement glacée et ma mère mettait des briques dans le four, qu’elle entourait avec du journal pour réchauffer nos lits. Ce souvenir-là a réveillé des souvenirs chez une autre personne. Nous partagions ce vécu de vie à la campagne, ça rebondissait. Même quand nous n’avions pas de souvenirs en commun – d’autres ont été élevées en banlieue parisienne.
À travers ce livre, j’ai pu reconstituer pour moi, et pour mes frères et sœurs, l’environnement dans lequel on a grandi.
Quelles ont été les réactions de votre entourage à la lecture du livre ?
Mon frère et ma belle-sœur s’y sont intéressés, notamment pour leurs enfants. J’ai vu que cela provoquait chez mon frère aîné une résurgence d’autres souvenirs que j’avais oubliés. Cela pourrait être le point de départ d’un récit familial à construire entre frères et sœurs.
Quels sont les moments marquants de ce récit ?
Il y a des souvenirs qu’on a partagés et tous vécus de manière assez forte, certains m’émeuvent tout le temps. Ainsi par exemple, le passage sur l’hospitalité.
On avait une grande ferme, où venaient régulièrement des « clochards ». Des visiteurs demandaient l’asile quand l’hiver arrivait à nos parents… Ainsi, je me souviens de « Gobe la Lune » – à cause de gros yeux globuleux – qui me faisait un peu peur. Mon frère ne se souvenait pas de lui mais du migrant algérien qui avait demandé sa soupe. J’évoque aussi ma grand mère maternelle qui vécut à la maison pendant longtemps. Lors des séances d’épluchures, elle me surveillait d’un oeil pour que je ne fasse pas des pelures trop épaisses..
Êtes-vous contente du résultat final ?
Oui je suis contente. J’ai ajouté des images peu communes, par exemple cette photo de mon papa au travail. Elle représente mon père qui était toujours en train de donner des coups de main. Et elle m’émeut toujours autant.
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